raga du matin

Ecouter – vraiment écouter – un disque, ça peut se faire le matin, sans autre distraction qu’un petit déjeûner. Et de temps en temps, l’impression d’entendre tout ce qu’on travaille en permanence, son, discours, construction, narrativité, dramaturgie, rapport du singulier au collectif, économie d’effets : le nouvel enregistrement des amis Guillaume Roy, Hasse Poulsen, Bruno Chevillon est une musique qu’on aimerait avoir jouée. Et qui nourrit, en ces temps d’écriture recueillie.

On a hâte de retrouver Bruno (fin octobre), ainsi que Guillaume (en novembre). Hasse, bientôt ?

roy-poulsen-chevillon

On peut commander Une certaine forme de politesse : Guillaume Roy, alto/Hasse Poulsen, guitare/Bruno Chevillon, contrebasse, sur Quark records, le label de Hasse Poulsen.

Brescia – 07/09/09 – Dominique Pifarély/Michele Rabbia – Italie

traversée du corps

corpsblancs

Ernesto était censé ne pas savoir encore lire à ce moment-là de sa vie et pourtant il disait qu’il avait lu quelque chose du livre brûlé. Comme ça, il disait, sans y penser et même sans le savoir qu’il le faisait, et puis qu’ensuite eh bien qu’ensuite, il ne s’était plus rien demandé ni s’il se trompait ni s’il lisait en vérité ou non ni même ce que ça pouvait bien être, lire, comme ça ou autrement. Au début il disait qu’il avait essayé de la façon suivante : il avait donné à tel dessin de mot, tout à fait arbitrairement, un premier sens. Puis au deuxième mot qui avait suivi, il avait donné un autre sens, mais en raison du premier sens supposé au premier mot, et cela jusqu’à ce que la phrase tout entière veuille dire quelque chose de sensé. Ainsi avait-il compris que la lecture c’était une espèce de déroulement continu dans son propre corps d’une histoire par soi inventée.

Marguerite Duras, La pluie d’été

Lire, écouter, regarder, toucher, s’inventer, s’échapper.

Jouer, improviser, écrire.