Ernesto était censé ne pas savoir encore lire à ce moment-là de sa vie et pourtant il disait qu’il avait lu quelque chose du livre brûlé. Comme ça, il disait, sans y penser et même sans le savoir qu’il le faisait, et puis qu’ensuite eh bien qu’ensuite, il ne s’était plus rien demandé ni s’il se trompait ni s’il lisait en vérité ou non ni même ce que ça pouvait bien être, lire, comme ça ou autrement. Au début il disait qu’il avait essayé de la façon suivante : il avait donné à tel dessin de mot, tout à fait arbitrairement, un premier sens. Puis au deuxième mot qui avait suivi, il avait donné un autre sens, mais en raison du premier sens supposé au premier mot, et cela jusqu’à ce que la phrase tout entière veuille dire quelque chose de sensé. Ainsi avait-il compris que la lecture c’était une espèce de déroulement continu dans son propre corps d’une histoire par soi inventée.
Marguerite Duras, La pluie d’été
Lire, écouter, regarder, toucher, s’inventer, s’échapper.
Jouer, improviser, écrire.
et un petit salut ici
http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article771
C’est vraiment l’endroit idéal pour écrire les réponses données par de jeunes danseurs et danseuses
(entre 7 et 11 ans) pendant les cours que j’accompagne. La prof. de danse leur demandait “Qu’est ce que c’est, une improvisation? “.
“L’improvisation, c’est quand on invente les choses, petit à petit”
“Une improvisation, c’est euh… c’est nous qui le faisons”
Et, dernière trace de l’imbrication incontournable du corps et de la musique, la définition du silence, demandée par le même professeur et donnée par une autre élève :
” un silence, c’est notre corps qui s’arrête de bouger “