Avec François Bon
Le pari de la rencontre, si elle devait avoir lieu, ce devait être sur nos singularités. D’où, la 1ère fois, plus d’une heure et demi passée sur Rabelais, se renvoyer les sons – richesse, complexité, mais immédiateté aussi de la musique de Rabelais. La rencontre : dire ce qu’on est, ne pas mentir, et écouter en même temps, deviner à chaque seconde ce qui nourrit ou ce qui empêche, changer de pas, mais avancer toujours.
Puis, plus tard, sur les propres textes de François – l’expérience Tumulte sur une année –, le projet « Peur », écrit en allers-retours (CD et téléchargement disponibles ici), « Formes d’une guerre » (2010, avec l’utilisation du traitement électronique en temps réel et les images de Philippe De Jonckheere), « Une traversée de Buffalo », « Contre » (2013, texte et images de Philippe De Jonckheere), et enfin “La musique d’Erich Zann” de Lovecraft.
Mais toutes ces expériences n’ont font qu’une, se reprennent sans cesse, évoluent, et chaque performance est un sujet en soi : ce duo est un chemin.
Avec Violaine Schwartz
À partir de témoignages de demandeurs d’asile, venus d’Arménie, du Kosovo, de l’Afghanistan, de l’Irak, de l’Ethiopie ou de la Mauritanie, Violaine Schwartz a écrit PAPIERS (publié aux éditions P.O.L. en avril 2019), une fresque de voix, retraçant le hasard des chemins parcourus, la douleur de tout abandonner derrière soi, le courage de partir, les affres de l’attente, l’absurdité de la bureaucratie, les souvenirs à vif, la culpabilité de survivre, la peur encore, l’espoir aussi, la vie qui s’invente malgré tout, pas à pas, sur la route de l’exil.
À l’heure où l’Europe s’emmure derrière la peur et l’indifférence, à l’heure des barbelés, Dominique Pifarély et Violaine Schwartz, entre violon et voix, donneront à entendre le tempo de ces récits de vies, le souffle de ces voix, pour qu’elles nous parlent comme à l’oreille.
Avec Claude Favre
Lectures :
La rencontre d’une écriture et d’une voix, serrées dans un même personnage, concentrées à l’extrême. Mais aussi des hommages et incursions à d’autres poètes, dont le programme s’improvise aussi.
Ateliers :
Les lecteurs se laissent approcher, s’approchent à pas comptés des musiciens qui, eux, rejoignent le texte dans une langue qu’ils découvrent en l’inventant.
Pour les lecteurs : prendre à bras le corps et au sérieux la vocalité, travailler à porter la langue, en construire l’intimité avec le son, le geste verbal, y découvrir la vivacité musicale du texte.
Pour les musiciens : comment lire, parler le texte avec l’instrument, et improviser sa propre langue ? Très concrètement, lire et inventer ce qu’on joue en même temps.
Avec Géraldine Keller
Gegenlight / Contrejour, performance autour de Paul Celan, alliant poésie et musique improvisée, est une formidable invitation à explorer la profondeur et la complexité de son œuvre dans un espace où l’imprévisible se fait résonance. Dominique Pifarély et Géraldine Keller, par leur créativité et leur engagement sensible avec le texte, créent une rencontre entre deux langages – celui des mots et celui de la musique – et ouvrent un champ d’interprétation renouvelé de la poésie de Celan, donnant ainsi un écho contemporain à nos fragilités, nos silences et nos questionnements.
Gegenlicht propose un dialogue vivant, une hybridation des formes qui prend corps dans l’instant grâce à l’improvisation.
Rare de pouvoir faire que s’enchevêtrent, s’embrassent, se confrontent ces deux paroles, celle de l’auteur et celle du musicien, dans une relation libre, qui permette le discours de chacun sans renoncer à rien de sa propre autonomie. Pour le musicien, cette équation : comment dire ce qu’il fabrique quotidiennement, de sons, de rythmes, de phrases, en se glissant tout de même dans le sujet du jour ? C’est évidemment le projet de l’improvisateur, non pas seulement improviser, mais s’improviser au milieu des autres.
Avec celui qui lit, qui dit, la chose se complique. Toujours, pour le musicien, cette incroyable puissance du sens, qui bouscule littéralement la conduite du discours musical, pour peu que celui-ci se pose comme tel : non pas accompagnement, illustration, mais bien discours articulé, organisé, proposant sa propre temporalité.
Dominique Pifarély