GEGENLICHT / CONTRE-JOUR
Paul Celan, poèmes choisis
Cette performance autour de Paul Celan, alliant poésie et musique improvisée, est une formidable invitation à explorer la profondeur et la complexité de son œuvre dans un espace où l’imprévisible se fait résonance. Dominique Pifarély et Géraldine Keller, par leur créativité et leur engagement sensible avec le texte, créent une rencontre entre deux langages – celui des mots et celui de la musique – et ouvrent un champ d’interprétation renouvelé de la poésie de Celan, donnant ainsi un écho contemporain à nos fragilités, nos silences et nos questionnements.
Gegenlicht propose un dialogue vivant, une hybridation des formes qui prend corps dans l’instant grâce à l’improvisation.
- Géraldine Keller, voix & flûte
- Dominique Pifarély, violon
This performance about Paul Celan, combining poetry and improvised music, is a wonderful invitation to explore the depth and complexity of his work in a space where the unpredictable resonates. Dominique Pifarély and Géraldine Keller, through their creativity and sensitive engagement with the text, create an encounter between two languages – that of words and that of music – and open up a new field of interpretation of Celan’s poetry, giving a contemporary echo to our fragilities, our silences and our questioning.
Gegenlicht offers a lively dialogue, a hybridisation of forms that takes shape in the moment thanks to improvisation.
Géraldine Keller
Artiste lyrique, vocaliste et flûtiste, le répertoire de Géraldine Keller s’ancre dans la création d’œuvres contemporaines privilégiant la complémentarité des musiques écrites et improvisées.
Emportée des arts plastiques vers l’exploration sonore, elle trace depuis toujours un parcours musical ouvert y associant la danse contemporaine, le théâtre, la poésie, la performance.
Depuis 1992, elle est invitée par maints ensembles, compagnies, festivals français et européens et contribue étroitement à la création d’œuvres de compositeurs et créateurs d’aujourd’hui. Parallèlement à ce parcours d’interprète, elle mène également une carrière d’improvisatrice en solo ou aux côtés de nombreux·ses musicien·ne·s improvisateur·trice·s, en ensemble constitué ou lors de rencontres ponctuelles.
Dans ses performances transversales, elle conjugue l’improvisation comme matrice essentielle, une conception plastique du sonore, le corps comme source et ancrage de la voix, la poésie comme support sensible ainsi qu’une attention particulière à l’espace.
D’autre part elle anime des stages et ateliers où elle aborde l’improvisation, la mise en jeu de partitions graphiques, la création de pièces collectives. Depuis 2017, elle enseigne les Vocalités Contemporaines (répertoire vocal du XXème et XXIème siècle) à l’E.S.M. de Dijon / Bourgogne-Franche Comté et y partage son goût de la création.
Géraldine Keller
Géraldine Keller is a lyricist, vocalist and flautist whose repertoire is rooted in the creation of contemporary works that favour the complementarity of written and improvised music.
Drawing on her background in the visual arts to explore sound, she has always pursued an open musical path, combining it with contemporary dance, theatre, poetry and performance.
Since 1992, she has been invited by numerous ensembles, companies and festivals in France and Europe, and has contributed closely to the creation of works by today’s composers and artists. Alongside her career as a performer, she has also pursued a career as a solo improviser or alongside a number of improvising musicians, in ensembles or as part of one-off encounters.
In her cross-disciplinary performances, she combines improvisation as an essential matrix, a plastic conception of sound, the body as the source and anchor of the voice, poetry as a sensitive support and a particular attention to space.
She also runs courses and workshops on improvisation, the use of graphic scores and the creation of collective pieces. Since 2017, she has been teaching Contemporary Vocality (vocal repertoire of the 20th and 21st centuries) at the E.S.M. in Dijon / Bourgogne-Franche Comté, where she shares her taste for creation.
Autour de Paul Celan, par Anne Montaron (Radio France)
Celles et ceux qui aiment les jeux de contrepoint entre la musique et la littérature seront comblés, et sans doute étonnés par ce que ce duo d’improvisateurs parvient à imaginer dans l’instant autour des mots du poète Paul Celan, poète roumain de langue allemande, né en Bucovine en 1920 et mort à Paris en 1970.
La poésie de Celan dessine un fil rouge dans la vie et dans la musique de Dominique Pifarély. En 2002, il avait déjà imaginé un oratorio pour choeur de chambre sur des poèmes de Celan, “Anabasis“, et il reprendra ce travail en 2018 dans une version instrumentale pour septette, “Suite : Anabasis“.
En 2007, avec le haute-contre Dominique Visse et le pianiste François Couturier, il explorait un autre cycle de poèmes, “Im Lichte”.
De son côté, Géraldine Keller elle aussi développe des liens de plus en plus étroits avec certains auteurs, Agota Kristoff , ou Eugène Savitskaia. Et puis il y a sa rencontre avec le poète, romancier et dramaturge malgache Raharimanana.
Sa plongée dans l’univers de Paul Celan lui permet d’aller plus loin dans son langage d’improvisatrice, d’autant que la langue allemande est très familière pour cette musicienne, née à Strasbourg.
Il y a dans la poésie de Celan ce que l’auteur appelait lui-même la contre-langue, c’est à dire une langue de l’après-cataclysme qui porte en elle les blessures de l’holocauste, le silence imposé aux survivants (dont Celan), et l’incapacité de dire l’innommable. Mais au-delà de la mémoire en œuvre, cette poésie souvent cryptée, fracturée, très dépouillée, a son rythme propre. C’est ce qu’aiment les deux musiciens chez ce poète.
Les poèmes de Celan sont posés sur le pupitre. Géraldine Keller les met en bouche, en allemand et en français tour à tour, et Dominique Pifarély les lit de sa place. Ces poèmes sont, en quelque sorte, la partition autour de laquelle l’imagination des deux improvisateurs se développe et s’enflamme.
Anne Montaron
Those who love the counterpoint between music and literature will be delighted, and undoubtedly astonished, by what this duo of improvisers manages to imagine in the moment around the words of the poet Paul Celan, a Romanian poet of German language, born in Bucovina in 1920 and died in Paris in 1970.
Celan’s poetry draws a red thread in the life and music of Dominique Pifarély. In 2002, he had already imagined an oratorio for chamber choir on Celan’s poems, “Anabasis”, and he will take up this work again in 2018 in an instrumental version for septet, “Suite : Anabasis”.
In 2007, with countertenor Dominique Visse and pianist François Couturier, he explored another cycle of poems, “Im Lichte”.
Géraldine Keller is also developing closer and closer ties with certain authors, such as Agota Kristoff and Eugène Savitskaia. And then there is her encounter with the Malagasy poet, novelist and playwright Raharimanana.
Her immersion in the world of Paul Celan allows her to go further in her language as an improviser, especially since the German language is very familiar to this musician, born in Strasbourg.
There is in Celan’s poetry what the author himself called the counter-language, that is to say a language of the post-cataclysm which carries within it the wounds of the holocaust, the silence imposed on the survivors (including Celan), and the inability to say the unspeakable. But beyond the memory at work, this often cryptic, fractured, very bare poetry has its own rhythm. This is what the two musicians like about this poet.
Celan’s poems are placed on the music stand. Géraldine Keller puts them into her mouth, in German and French in turn, and Dominique Pifarély reads them from his position. These poems are, in a way, the score around which the imagination of the two improvisers develops and ignites.
Anne Montaron