Dominique Pifarély sera en solo le 30 juin 2017 à 21h au Kursaal de Besançon.
Le 36ème festival “Jazz et musique improvisée en Franche Comté” aura lieu du 27 juin au 1er juillet 2017 à Besançon. Sera-ce le dernier ? C’est en tous cas ce que nous annonce Philippe Romanoni, son directeur, l’un des meilleurs militants des musiques libres que nous ayons croisé.
Bien sûr, nous savons que le rétrécissement des moyens est un argument récurent. Et nous savons aussi que ces évènements s’incarnent dans l’engagement de ceux qui les créent, et que, programmation au long cours ou festivals, ils n’ont pas de vie propre, et donc pas de survie sans leur créateur.
Mais comment ne pas sentir le désintérêt croissant, dévastateur, pour une musique qui s’écarte du seul champs du divertissement. En musique peut-être encore plus qu’ailleurs, l’industrie a gagné, en ce qu’elle a réussi à arracher le fait musical de toute expérience de rupture, sensible, onirique, projective, émancipatrice, intérieure ou collective, politique…
Alors, Besançon, c’est peut-être fini. A moins d’un rebond, plus moyen d’écouter ces projets singuliers dans le coin.
« Ma musique est vivante, elle parle de la vie et de la mort, du bien et du mal. Elle est colère. Elle est réelle parce qu’elle sait être colère », disait Charlie Mingus.
Nos musiques sont vivantes, elles ont de la mémoire et de l’élan, elles ne sont pas une mode sortie d’un chapeau de ministre ou de directeur du marketing, et elles resteront vivantes quand ils seront passés depuis longtemps.
“Singulier ! Voilà bien un qualificatif qui correspond parfaitement à la démarche de ce festival, résolument tourné vers la promotion des expressions nouvelles dans les registres du jazz et autres musiques improvisées.
Singulier ! C’est le défi que nous avons proposé de relever à un certain nombre d’acteurs connus, reconnus. A savoir, une prestation solo, un travail d’épure qui va directement à l’essentiel de la musique pour nous en restituer la substantifique moelle. Pas d’artifice, juste la perfection. Ou, pour le dire comme Auguste Rodin : « En Art, la simplification est la vraie grandeur ».
Singulier enfin, ce moment, cette époque où, de reniements en abandons, le champ culturel a été plutôt délaissé, surtout pour les expressions innovantes non commerciales, en nous laissant le sentiment amer que la Culture n’a pas été bien traitée.
« La musique c’est ce qui ne revient jamais » disait Roland Barthes. Raison de plus, s’il en est besoin, d’assister à ce festival.
Au plaisir de vous y rencontrer.”
Philippe Romanoni
Je me souviens d’avoir lu un entretien avec le directeur du Théâtre de la Ville, à Paris, au moment où il quittait ses fonctions. Gérard Violette disait que l’on avait bien vite oublié que les premiers spectacles de la troupe de Merce Cunningham avaient vidé la salle en quelques minutes et que la critique les avaient éreintés. Il rappelait que le même phénomène s’était produit avec le premier spectacle de Pina Bausch ainsi qu’avec la danse buto japonaise. Il avait maintenu ces programmations contre vents et marées, convaincu de l’importance de ces créateurs dans la danse contemporaine. Il disait qu’un public se forme, obstinément, et que le temps travaille en faveur des créateurs tant qu’ils trouvent un soutien parmi les programmateurs et les organisateurs de festival. Il avait la conviction d’avoir formé, avec l’aide de quelques autres lieux, le goût et la culture du public parisien.