J’aime / la hauteur qu’en te parlant / j’ai prise / sans avoir / pied. (André du Bouchet)
Entre nous, on en plaisante, et lui-même n’est pas en reste : la fragilité et l’incertitude que nous avons en partage, même dans l’élan le plus vif et le plaisir renouvelé, qui deviennent sensations motrices plutôt qu’entraves dès lors qu’on en apprend le commerce intime, sont chez lui à la fois objets de dérision et façon de rester modeste, devant l’importance de la tâche : assigner à la musique ce devoir de parler juste, d’inventer vrai, de résonner au plus profond.
Il ne m’en voudra pas, lui dont l’absolu de sincérité perce dans le moindre entretien, de confier comment parvenir au solo lui fut un long voyage. Il me semble bien qu’il écarta jadis à plusieurs reprises les suggestions que je pouvais faire en ce sens, tant la musique pour lui ne se concevait qu’en dialogue, en partage, plus, en amitié. Hier soir, je n’aurais pu manquer son concert à la Maison de la poésie : l’ouverture au monde de son monde à lui (Jean-Paul Celea, hier : ce concert est exactement ce qu’il est, François au plus près de son être). Et ce ne sont pas les gentilles plaisanteries dites au public qui nous égareront de ce qu’il nous livre, sans avoir pied.
un silence scintillant, de brusques obscurcissements, et un monde dans une note
toujours une palpitation dans la phrase la plus lente, sereine, secrète, et le chant lové au cœur des agrégats les plus sombres
une manière unique, détaillée, de donner une intention à chaque note : la phrase, le timbre, une expressivité toujours en recherche d’elle-même, éléments organiques d’un jeu d’une rare sincérité
François Couturier nous offre aujourd’hui son premier album solo, Un jour si blanc, sur le label ECM.
Pour mémoire, après un disque en duo, Poros, toujours chez ECM,
nous avions travaillé en compagnie du haute contre Dominique Visse, sur la poésie d’André du Bouchet, de Jacques Dupin et de Paul Celan : Impromptu, cette fois sur Poros éditions.
Merci est un mot trop faible…
Quoi dire…. Tout simplement que j’ai hâte que nous nous retrouvions à travailler, jouer, enregistrer ensemble
et que ceux qui ont la chance de visiter cette page aient l’envie d’écouter
“Impromptu” qui est pour moi une très grande réussite de notre collaboration….
et pour ceux qui ont eu l’occasion d’écouter les deux parler cuisine… (Celan, Du Bouchet, Dupin dans les ingrédients…)
C’est très beau en tout cas. D’une grande transparence.
(on peut écouter l’album en entier sur spotify alors j’en ai profité)
Hé, pour se faire une idée, si on connait pas, d’accord, mais entendre ce piano, et ce toucher, sans égal dans ce registre, c’est sur le CD, et une bonne chaîne !…
Ah mais je suis entièrement d’accord là dessus.(quoique… je préfère le vinyle. Mais ECM ne sort que le backcatalogue en vinyle)
C’est vrai, et moi j’attends que les amateurs réclament, au lieu du mp3, du téléchargement haute définition – meilleur que le cd donc meilleur que lossless, et rendu possible à présent que les flux augmentent de vitesse…