Dominique Pifarély Septet à l'Atelier du Plateau

C’est notre dernier rendez-vous de la saison à l’Atelier du Plateau, après le quartette de Dominique Pifarély en novembre et une lecture-performance avec François Bon en mars, voici “Suite : Anabasis”, nouveau septette avec Valentin Ceccaldi, Sylvaine Hélary, Matthieu Metzger, François Corneloup, François Merville et Antonin Rayon.


Après l’Europajazz festival du Mans, voici ce qu’écrivait Xavier Prévost pour Jazz Magazine :

Europajazz Festival, Le Mans, La Fonderie, 5 mai 2018, 17h

“Après une avant première à l’Ajmi d’Avignon, c’est la création de cette nouvelle musique. Comme souvent chez Dominique Pifarély, la première impulsion créatrice est d’origine littéraire : Anabase, un poème de Paul Celan, un auteur qui a déjà suscité chez le violoniste plusieurs compositions, et donne lieu cette fois à une suite. L’enjeu est d’importance pour le musicien : il a rassemblé un groupe où chacun représente une sorte d’idéal, comme interprète et improvisateur. La pièce est assez longue, elle s’est étoffée de nouveaux développements depuis son avant-première, mais l’attention du public est totale, du début jusqu’à la toute fin. On part d’une seule note, obstinément rejouée par le piano, adagio, jusqu’à l’entrée du sax baryton, bientôt rejoint par les autres instruments. Dès lors il semble évident que vont se mêler l’esprit de la musique de chambre contemporaine et les rythmes anguleux d’un jazz qui n’est pas moins contemporain, dans un spectre large qui s’étendrait des phrases policées de l’écriture ‘savante’ jusqu’aux écarts des musiques improvisées les plus radicales. C’est ensuite une mélodie lyrique, aux intervalles distendues (la mémoire de l’ange n’est pas très loin….), et le rythme s’affirme et l’ensemble dérive vers les abords interlopes du jazz, avec un tutti libre et délibérément divergent. […] Il serait vain, et fastidieux, de vouloir décrire par le menu le cheminement de cette longue pièce, grande forme (forme ouverte pourrait-on dire, sans formalisme), avec ses glissements et ses surprises. […] Ce qu’on retient, c’est l’extrême cohérence du cheminement, la très grande qualité des solistes (le violoniste inclus !), dans l’exécution comme dans l’improvisation, et cette oscillation permanente entre les langages que tous les membres du groupe ont en commun, de l’écrit le plus rigoureux jusqu’à l’improvisation la plus libre, presque un manifeste qui nous dirait : nous jouons ce que nous sommes. J’en veux pour preuve le mouvement final, sorte de groove dansant (mais très élaboré) qui respire la liberté d’être, et se fond dans une coda chambriste qui va s’éteindre avec le retour, furtif, de la note obstinée qui ouvrait le concert. Il y a bien là une œuvre accomplie, libre et cohérente, belle réussite qui sera reprise les 25 & 26 mai, à Paris, à l’Atelier du plateau, puis en septembre à Marseille (festival ‘Les Émouvantes’) et en novembre à Strasbourg (festival Jazzdor). Avis aux mélomanes sans œillères.”
Xavier Prévost / JazzMagazine, lundi 7 mai 2018

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