Peur : François Bon, Dominique Pifarély (Archipels, 2007)

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texte de François Bon, musique de Dominique Pifarély

Dominique Pifarély, violon – François Bon, voix – François Corneloup, saxophone baryton – Eric Groleau, batterie – Thierry Balasse, dispositif électro-acoustique.

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Improviser, c’est se jeter. Convoquer tout ce qu’on a appris, et l’oublier pour l’instant. Est-ce que cela a le même sens pour les mots, qui signifient, et la musique, qui est souffle, cordes, peaux, corps ? En duo, c’est plus simple : la voix et le violon vont par un chemin si ancien, même lorsqu’on se risque à dire le présent du monde. Mais lorsqu’il s’agit de la machine huilée et forte de quatre musiciens, ayant chacun leur univers, et des règles pour être ensemble ? En 2007, nous avons la chance d’être invités par la scène nationale de Cavaillon : jouer dans des villages, des bistrots de grande ville, des salles sous les immeubles. Quels mots peuvent accompagner les musiciens, et signifier pour ceux qui nous écoutent : quelle histoire, quel cri, et comment renvoyer cela sur la réalité, souvent si dure, qui nous environne ? Survivent des images, des rêves, des chambres. Se dessinent des silhouettes, celles qui passent dans la ville, ou les morts que chacun on porte. C’est de cette forge qu’est né Peur. Une question au monde, et, pour nous, entrer dans un étrange alliage.

“On aurait dû plus se méfier : on aurait dû trouver. On s’en serait chargé sur le dos, on aurait emporté ça avec nous pour maintenant. On aurait trouvé la bonne ouverture pour maintenant. Mais on en porte tant, déjà : ils sont voûtés, ceux d’aujourd’hui, ils sont usés, ils ont peur. On n’a pas l’esprit tranquille, à chercher comme on fait : trop d’explosions, trop de fric, trop de ces visages lisses aux télévisions. On pourrait s’en débarrasser comment ? L’histoire commence là : une image devant toi et tu la laves des mains, tu veux la rendre plus nette et précise, tu veux comprendre ce qui se passe, tu veux agrandir les détails et savoir l’autre côté du cadre, le présent qu’on t’a fait tu voudrais déchirer l’image  un tissu de papier et on marcherait de l’autre côté, ça y est : on voit quoi alors, dis ce que tu vois ?”

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