_I
• Oui, mais tu vois, ça me parait difficile.
• Oui, mais là, je vois pas. Comment on pourrait faire, je veux dire.
• C’est carrément pas possible, en ce moment.
• Oui, mais je crois que ça ne passerait pas. Je veux dire, vraiment, ça serait super, évidemment, mais c’est fini, ça. On peut plus.
• Bon, c’est super, mais ça ne rentre pas dans le cadre. Ce qu’on pourrait faire, on est obligé de faire avec le dispositif, mais on pourrait changer un peu le projet. Non, je veux dire, c’est la manière de le présenter. Tout est dans la manière de présenter les choses.
• Oui, mais ça, on le sait, c’est pas possible. On le sait bien.
• Non, ce qu’il faudrait faire, c’est insister un peu plus là-dessus. Insister beaucoup plus sur l’aspect, tu vois.
• Oui, mais nous sommes très mal armés pour ce genre de besoin. Si c’était autrement. Mais là, pour l’instant. Avec les contraintes qu’on a.
• Donc on peut pas faire, tu vois. C’est pas prévu. En tout cas, on voudrait qu’on pourrait pas. Mais ça serait génial, évidemment.
• Si on pouvait mettre un peu plus, je veux dire, si on pouvait mettre vraiment, si on pouvait vraiment mettre l’accent sur le côté. Plutôt sur ce côté-là. Là, on pourrait, enfin, on pourrait peut-être, en mettant l’accent, si ça se trouve, parce que il y a toujours un moyen.
• Il y a peut-être un moyen.
• Mais là, en fait, aujourd’hui, ça parait compliqué, tu vois. Parce que les moyens, on les a plus.
• Oui, mais tu vois, on a plus les moyens qu’on avait. Il faut revoir les objectifs en fonction de ça, les moyens ne sont plus les mêmes, il faut mettre l’accent sur. Du sûr, bien sur c’est plus facile, mais là on peut plus vraiment. Je veux dire les choses qu’on aimerait faire.
• Alors je sais pas, c’est un truc qu’on a jamais fait, en même temps on sait pas faire. C’est une belle idée mais j’avoue, on sait pas faire.
• Peut-être que eux, ils ont les moyens (ils sont prêts, ils voudraient, peut-être, ils seraient ouverts à), il faudrait voir, il faudrait leur demander, je suis sûr.
• Peut-être ça les intéresserait. En tout cas, je sais que les moyens, bon. Mais il faut leur proposer. Je suis pas sûr, mais en tous cas.
• Alors je regarde ce qu’on a, nous on a ce dispositif, par exemple. Non, mais c’est pour dire.
• Nous, on a un projet qui. Mais évidemment, c’est pas exactement la même chose.
• On pourrait, peut-être.
• On pourrait peut-être, mais il faudrait mettre l’accent, et de toutes façons, ça serait en plus, car on peut plus. Je vois pas comment, vraiment.
• En fait, je vois vraiment pas.
• Non, je vois pas.
• En fait non.
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_II
• Oui, mais ça parait pas évident.
• Oui, je sais pas comment on pourrait faire, mais bon.
• C’est carrément pas le moment. Mais c’est jamais le moment, en même temps.
• Oui, mais non, pourquoi ça passerait pas ? Je veux dire, y a pas de raison.
• Non, c’est pas dans les clous, ça, c’est pas dans les clous. Mais quoi.
• Bon, c’est con. Faudrait que ça soit possible. On sait bien, c’est pas évident.
• Non, c’est à nous d’insister. Peut-être plus insister là-dessus, mais il faut qu’on insiste. Ca serait con.
• Non, tu vois, a priori, on est pas armés pour ça. En plus, je te dis pas les contraintes qu’ils nous mettent.
• Non, c’est pas prévu. Evidemment c’est pas prévu. Mais ça serait génial qu’on le fasse. Non ?
• Attends, de toutes façons, on va pas s’emmerder à mettre un peu de ci, un peu plus de ça. Les moyens, on peut les trouver.
• Et puis les moyens, faut les inventer.
• Bon, je sais pas comment, hein. Evidemment, aujourd’hui, ça parait compliqué. Je te dis pas comme il faut se battre, là j’y arrive plus.
• On a plus les moyens qu’on avait. En même temps, on a pas fait ça juste parce qu’on avait les moyens, si ? On a fait les choses qu’on avait envie de faire, non ?
• Alors, moi, je sais pas, je sais plus, en même temps, tu vois, je fais pas ce que je veux. Y a des trucs que j’aimerais faire, je les fais pas. Je les fais pas, ça fait chier, pas ? Et ben je les fais pas.
• Bon, alors, je sais pas, c’est un truc qu’on a jamais fait, en même temps, ça serait bien de le faire. Ca serait beau de le faire.
• Parce que eux, ils ont plus de moyens — encore que, les contraintes, hein, eux aussi, bon — et ils pourraient, mais est-ce qu’ils seraient prêts ? Il faudrait voir, tu peux toujours leur demander. Tu peux toujours, hein, en même temps. Je suis pas sûr, mais bon.
• Mais si on pouvait le faire, je veux dire, si nous on pouvait le faire. Je sais pas, en même temps, mais si nous.
• Je regarde ce qu’on a, hein. C’est pas vraiment adapté, ça c’est pas adapté, c’est sûr.
• Cet autre projet, je sais pas, c’est autre chose. C’est chose, quoi.
• Si on regarde bien, on peut pas, mais si on le fait — je vois pas comment — mais si on le fait, et bien je crois qu’il faudrait le faire, mais comment, ça on va trouver.
• On trouvera bien.
• On verra, mais j’en suis sûr.
• On va trouver.
• Il faut le faire. En fait.
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Désir et créativité. Deux gros mots d’aujourd’hui, décidément. Refoulement combiné à la certitude de l’impuissance, persuadé qu’on est que la contrainte vous est toujours supérieure, le résultat est pitoyable. Pitoyable lorsqu’il ne s’agit que de politique culturelle, incapacité crasse à imaginer des solutions dans la durée et dans la réalité vivante, à accueillir les expressions vivantes les plus inventives . Effroyable, évidemment, quand il s’agit de la vie des gens, conditions de travail, mutualisation des ressources, protections des plus faibles, vision d’avenir et créativité politique totalement éteintes.
Tenir, dans ces conditions d’auto-aliénation généralisée, ça veut d’abord dire ne pas adopter sans réfléchir les processus présentés comme les seules possibilités d’action (ou d’inaction), ne pas se dissoudre dans des dispositifs inadéquats et délétères. Ne pas accepter des modèles (dictés par les plus forts, industrie et commerce) qui ne sont pas les nôtres, et des contrats (des transactions, donc) forcément contraires à l’intérêt de (presque) tous. Aujourd’hui comme avant, ne pas en accepter la mise en acte par ceux qui deviennent ainsi les serviteurs zélés de l’écrasement du désir. En matière de création artistique comme ailleurs, si on peut, autant qu’on peut.
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