relire dans le train les morceaux pour l’Allemagne ne pas oublier de prendre les partitions de David Ch/Gesualdo imprimer la musique pour la carte blanche d’Eric G à l’Atelier regarder les nouveaux thèmes de François Cp penser au programme du trio avec Pierre B et D’ faire arrangement et envoyer partitions pour stage week end prochain mais
rêver au prochain duo avec François C préparer mentalement des pistes de travail pour projet rentrée avec Tim B Bruno Ch Craig T se demander si nouveaux morceaux trio et quand et revoir programme Révo si y insérer quelque chose l’écrire et quand et rester concentré sur ce qui se dégage de sensations violon
mais ça facile si pas le reste si pas la nausée des fausses relations des faux problèmes des faux amis des faux espoirs fausses pistes faux semblants des faux fuyants quand il suffit de dire non simplement des fausses perspectives quand il faudrait regarder droit se dégager
Drôle d’expérience, tout de même, que de mettre textes et photos en ligne. De plus en plus habituel sur la toile, ça n’en devient pas facile pour autant. Le nombre ne fait pas la légitimité, et l’exigence première est sans doute d’y trouver un angle singulier. Pour ma part, venu au net depuis quelques années déjà, c’est un chemin pas très direct qui me conduit ici. Le 1er site, je l’avais imaginé un peu comme un jeu, multipliant les textes et citations cachés derrière les images, sans forcémentde rapport avec le contenu de la page. Comme si je voulais me dédouaner de faire un site de musicien, biographie, discographie, orchestres, très orienté pro, quoi. J’y allais par circonvolutions, tentant déjà d’y inclure quelques éléments qui devaient viser au delà du musicien. Technique de programmation limitée, évidemment, mais j’aurais aimé des pages mystérieuses, des chemins secrets, des fenêtres surgissantes (un peu plus joli que pop up, non ?…), des poèmes inattendus, des événements surprenants… Puis le site a changé, récemment, avec la distribution en ligne du label Poros éditions. Ce faisant, il a sans doute perdu un peu de son amateurisme et de sa fantaisie, si modeste qu’elle ait été.
On a souvent un mentor, sur ces chemins initiatiques… Ma dette à François Bon et à Tiers livre est ici largement (et très modestement) avouée et revendiquée, et ses amicales incitations auront eu raison de mes réserves. Donc, oui, réintroduire un espace plus ludique, plus souple, qui indique ce qui vient dans le travail, mais qui fait retour également, à côté du site “professionnel”.
Mais quoi y mettre, exactement ? Drôle comme la pression est plus forte dès lors que c’est identifié comme “blog” et non plus simplement “site”. Parce qu’investir ce champs-là, c’est s’approprier un autre langage (et le signer), fait d’écritures, d’images, de sons, et sur un support qui, pour être désormais familier, est tout de même en pleine expérimentation. En faire une sorte d’atelier, donner à voir, ou entendre, ce dans quoi on se meut jour après jour, de travail, réflexions, rencontres, souvenirs, projets, embûches, rêves, tentatives ? Peut-être. Mais pas obligé. Pas systématiquement. Et puis, il faut avoir le temps d’être précis, et on n’est pas forcément le mieux placé pour dire tout ça avec exactitude.
Alors assumer le vague, la divagation. L’expérimentation personnelle et humble dans l’écriture, les images qu’on donne à voir, avec la même précaution qu’on a à donner des sons. Pas intéressant ? Pas toujours, mais cet amateurisme-là, honnête, viendra peut-être éclairer, autant que la réflexion, le travail, exigeant, qu’on mène ailleurs et qui ne peut avoir lieu qu’ailleurs.
Après bref échange de commentaires lu sur “musicien photo” : Louis Sclavis n’est pas photographe. Je ne suis pas grand connaisseur en photographie. Mais dans ses images, j’entends réellement une résonnance, diffuse mais bien là, de ce que je connais au plus intime de sa musique : un certain découpage du temps (bizarre, hein, dans une image fixe…), un sens particulier de l’équilibre, une distance singulière à l’objet, un regard ludique, bref, j’y retrouve celui que je connais, sur scène comme à la ville… Ses photos donnent justement à voir celui qui photographie, qui nous fait accéder par une voie détournée à quelque chose de son jeu. On a le droit de se contenter des concerts et enregistrements, mais cette occasion d’excéder le territoire scénique nous parait une façon d’avancer encore, et (surtout) sur des trajectoires qui ne nous ont pas encore été assignées, et de nourrir ce qui tente d’échapper au spectacle.
Pas encore beaucoup de musiciens sur les blogs, mais ici, on a encore moins envie de rester entre nous.
En écoute, d’un Cd épuisé (Oblique), mais qu’on mettra peut-être en ligne un de ces jours, ce duo avec Louis :
Nous nous appelions régulièrement, de préférence de très loin, et pour rien. Comme ça. Puis lui s’est mis à m’envoyer des photos prises avec son téléphone portable. Comme ça, pour rien. Avant d’aller moi-même vers l’aventure blog, je lui avais lancé l’idée d’en faire un, comme ça. Pas de musique, surtout. Pas de texte. Rien d’autre que ces photos, qui étaient son quotidien partagé de musicien, partagé parce qu’intime, d’une autre intimité, parallèle, que celle de la scène.
Depuis novembre 2006, Louis Sclavis tient ce blog photo, un peu secret, sauf qu’il revient de Phnom Penh, où en plus de jouer avec de jeunes musiciens cambodgiens, il a montré sa 1ère exposition…
Ce que j’y aime : un peu le même espace qu’en musique, la même tension entre l’image et le titre, là où il y a de la place pour se loger. Et cette manière d’être toujours sur la réalité des choses qui surviennent, en même temps que dans une distance rêveuse.
Il y avait une vie des instruments, une sorte de monde parallèle, ou plutôt d’existence logée au cœur même de nos existences, quelque chose qui nous habitait, que nous partagions avec les objets, mais qui n’en avait pas moins, à certaines périodes, une autonomie réelle. Au moment où nous pensions les apprivoiser, ils étaient déjà loin, dans d’autres histoires, d’autres sons auxquels nous n’aurions pu rêver, et malgré tout, quand nous partions, nous, sur d’autres voies, d’autres vies, quelque chose se défaisait, le danger pointait, un déséquilibre survenait, un égarement soudain. Un chemin secret, ou une trace intérieure, comme au creux d’une paume, les conduisait inexorablement vers le drame ou le merveilleux, vers la vie ou dans l’errance.
Pour François Bon, Vincent Courtois et le père Nortier…
Einen Stiefelvoll Hirn / in den Regen gestellt : / es wird ein Gehn sein, / ein grosses, / weit über die Grenzen, / die sie uns ziehn.
Une bottée de cerveau / placée sous la pluie : / il y aura une marche, longue, / bien plus loin que les frontières / qu’ils nous tracent.
Paul Celan, Enclos du temps (trad. Martine Broda).
Après la lecture de Gaza, sans fiction : Il a hurlé le nom de ses filles. “Qu’est ce qu’on a fait ? J’espère que ce sera la fin. Si cela satisfait Livni et Barak et vos leaders, j’espère que mes enfants seront les derniers.” Pas de mots, évidemment, plus de mots, tout a déjà été dit.
“je ne vous en dirai rien je ne vous en dirai rien tout a déjà été dit montré vu compris que reste-t-il à dire à vous pourquoi et pourquoi vous le dire en quoi cela peut-il vous aider et avez-vous besoin d’aide ai-je moi-même besoin d’aide les mots que vous me demandez n’ont de goût de sens un peu que pour moi-même la guerre et sa réalité ont épuisé la vérité des mots qui ne peuvent les dire mots mort-nés désuets et appauvris mots vacants impuissants à rendre le moindre souffle or les mots que vous me demandez ne sont bons qu’à bâtir des fictions raconter des histoires or il n’y a pas d’histoire et je n’ai rien à raconter il n’y a qu’un peu de souffle le souffle de la vie le souffle de la guerre et si je vous disais n’aurais-je pas l’impression d’avoir été cambriolée seule et nue au milieu de ma propre maison vidée de fond en comble ma maison qui n’est plus ma maison mon quartier qui n’est plus mon quartier ma ville mon pays les mots peuvent-ils dire les rafales qui courent de porche en porche, de fenêtre en fenêtre il n’y a pas d’histoire les mots peuvent-ils dire les yeux grands ouverts d’un enfant éveillé au milieu de la nuit le silence installé qui menace et fait peur le vacarme du tonnerre qui roule au ras des toits les jardins saccagés les rues défoncées la poussière et la boue les pylones électriques arrachés le chemin des écoliers chaque jour réinventé c’est un jeu et c’est drôle ça fait rire les enfants il n’y a pas d’histoire le tumulte des sirènes qui courbe les passants les ruptures de courant le manque d’eau le pain caché et confisqué les courses furtives le soir dans les rues calmes et sales où s’entassent les ordures les mots peuvent-ils le dire les rêves qui insistent la voisine de palier dont la porte est désormais fermée les rires des enfants dans les caves les naissances les mariages fêtés dans les garages le sucre l’huile le café les comprimés qu’on accumule et les petits échanges et les petits trafics qui mangent les journées il n’y a pas d’histoire il n’y a que ces petits voleurs égoïstes que nous sommes devenus avec l’avidité la veulerie et la honte qui rongent et qui bivouaquent au plus profond de soi les mots ne peuvent le dire et toujours au coin de la rue le jeune homme encore frêle plein de morgue arrogant et armé jusqu’aux dents et qui effraie mon fils et que mon fils admire ces quartiers tour à tour interdits et bouclés ces trêves imprévues incomprises et usantes qui sèment le désarroi le vertige de l’attente il n’y a pas d’histoire et la campagne est proche la montagne le ciel où poussent les saisons et un soleil inchangé au dessus de tout ça.”
Gilles Zaepffel, Nuits guerrières (Saïda, sud-Liban, août 1998).
Et puis parfois, on est fier, ou bêtement réconforté, que le rayonnement d’un musicien vienne éclairer, même faiblement, le désastre du monde. Alors donner à partager quelques mots, redire son admiration.
Le lien est devenu invalide, cette vidéo a été retirée. Au cours de son discours devant le Parlement israélien, Daniel Barenboim estimait que la politique de l’Etat hébreu envers les Palestiniens était en contradiction avec les valeurs humanistes sur lesquelles Israël a été créé en 1948.
“Une situation d’occupation et de contrôle d’un autre peuple peut-elle être en accord avec la déclaration d’indépendance (d’Israël) ?”, a-t-il déclaré, en ajoutant : “Existe-t-il une logique à l’indépendance d’un peuple au prix d’atteintes aux droits de l’homme basiques d’un autre peuple ?”
[…] Est-il suffisamment d’idées pour que je choississe mon pas final / Assez de pays pour que je dépose les mots sur le trottoir et me retire / Assez de mots pour bâtir des fenêtres qui ne s’ouvrent sur massacre / Suffisamment d’Histoire pour que je retrouve les louanges des peuples anciens ? / Suffisamment d’oubli pour que j’oublie et oublie […]
Mahmoud Darwich, Au dernier soir sur cette terre (trad. Elias Sanbar).
Toujours un émerveillement : le visage d’un étudiant, construisant intérieurement l’objet sonore qu’il n’a pas encore joué, qu’il se joue déjà silencieusement, tentant d’en tracer les contours, d’imaginer le geste aussi bien que le son, une concentration qui résonne déjà comme je le regarde (quelques instants plus tôt, le même : “je n’ai jamais improvisé, c’est un autre monde…”). Tout à coup, le regard change, vise loin, ou à ses pieds, mais vers l’intérieur toujours, comme essayant de se saisir de lui-même, au bord d’une expérience inattendue, et qu’on découvre accessible. Et le silence des autres, dans cette intimité soudaine, attendant respectueusement, ou cherchant peut-être à percevoir déjà ce qui s’invente qui n’a pas encore été joué, tant le travail d’élaboration est palpable : une présence.
Cet après-midi, c’est à Garges-lès-Gonesses, à l’invitation de Sylvain Cathala, qui officie au conservatoire, que je regarde les visages, enfants ou adultes, qui se concentrent sur ce geste si particulier. Comme les mots à la mode semblent lointains et dérisoires : acquisition des savoirs, maîtrise de techniques d’expression spécifiques, compétences, excellence… Pendant 4 heures, il a été question de pensée (“elle a inventé dans sa tête, puis elle a joué”), d’écoute (“comment puis-je m’écouter et écouter les autres en même temps ?”), de choix, de place (“comment être présent à l’autre sans être devant l’autre ?”). S’improviser vivant, dit Charles Pennequin. Bien mieux que les leçons de choses, les listes à la Prévert, les techniques de la consommation culturelle, l’art pour tous mais pas pour vous : la bêtise officielle réduite au silence, au milieu des barres, à Garges.
Rare de pouvoir faire que s’enchevêtrent, s’embrassent, se confrontent ces deux paroles, celle du poète et celle du musicien, dans une relation libre, qui permette le discours de chacun sans renoncer à rien de sa propre autonomie. Pour le musicien, toujours cette équation : comment redire ce qu’il fabrique quotidiennement, de sons, de rythmes, de phrases, en se glissant tout de même dans le sujet du jour ? C’est évidemment le projet de l’improvisateur, non pas seulement improviser, mais s’improviser au milieu des autres.
Avec celui qui lit, qui dit, la chose se complique. Mais toujours, pour le musicien, incroyable puissance du sens, qui bouscule littéralement la conduite du discours musical, pour peu que celui-ci se pose comme tel : non pas accompagnement, illustration, mais bien discours articulé, organisé, proposant sa propre temporalité. Avec François Bon, pour moi, c’était vraiment le pari de la rencontre, si elle devait avoir lieu, ce devait être sur nos singularités. D’où, la 1ère fois, plus d’1 heure et demi passée sur Rabelais, se renvoyer les sons – richesse, complexité, mais immédiateté aussi de la musique de Rabelais – (et encore mille excuses à Médéric Collignon, en 1ère partie de qui nous jouions…). La rencontre : dire ce qu’on est, ne pas mentir, et écouter en même temps, deviner à chaque seconde ce qui nourrit ou ce qui empêche, changer de pas, mais avancer toujours. Puis, plus tard, sur les propres textes de François – l’expérience Tumulte sur une année – un bousculement plus vif encore : plus simple de déstabiliser Baudelaire ou d’Aubigné que celui, tout proche, qui parle de sa propre voix ? Jusqu’au récent “Peur”, écrit en allers-retours (le 1er thème, écrit, suit la prosodie d’un de ses textes), l’itinéraire de François, sur le rythme de ce qu’il écrit comme de ce qu’il dit, m’épate…
Avec Violaine Schwartz ou Pierre Baux, ce 1er contact aux Amandiers à Nanterre, les écouter swinger incroyablement sur un texte d’Olivier Cadiot, et me demander ce que j’entendais, un texte dit ou une pièce contemporaine (j’apprendrai plus tard leur profonde fréquentation d’Arperghis). Pour tous, auteur ou interprètes, une formidable capacité à s’improviser disant, à parler, discuter avec la musique. D’où, avec Violaine, ces jeux d’ombres et de suspens sur le chemin de Ghérasim Luca, un immense respect du texte en même temps qu’une appropriation singulière, dans un dialogue constant avec ce que la musique propose. Si Luca lui-même donnait ses poèmes en récital, voici l’exact parallèle avec la musique. Ou avec Pierre, aller vers du narratif (Melville, pas facile encore de tenir sa route à côté d’une telle puissance), ou prendre les mots d’un auteur d’aujourd’hui (Pennequin), avec toujours cette cohabitation forte qui tente de construire une autre perception du monde. Acteur, chanteur, je ne sais plus très bien, parfois, la position qu’il prend. Simplement faire advenir quelque chose dans l’espace entre nos discours : un vertige.
Rare, donc, et pour moi précieuse par dessus tout, cette capacité qu’ils ont, chacun à leur manière, d’accueillir nos assemblages de sons, et de permettre “la circulation aléatoire entre ces différents niveaux comme une circulation « catastrophique », au sens où cette circulation implique des passages (katastophê « bouleversement », strophê « évolution ») d’un mode d’apparition du sens à un autre, du plus flou au plus net” (Lia Kurts-Wöste).
Nous reprenons, en le remerciant, ce texte de Jean-Louis Kuffer, Lausanne (voir son site), à propos de “Peur” :
Les verticale des anciennes pluies, scrutées de derrière la vitre dans l’impatience de nos enfances, avant de partir loin, relaient dans Peurles verticales des cordes urbaines entre lesquelles zigzaguent un saxo tâtonnant et un violon titubant, et quel rapport avec les verticales de roc et de glace ?
Je dirai : paysage mental, murs de New York ou de l’Aiguille du Fou, souvenir des villes, paysages où transi d’angoisse on lève la tête dans le matin glacial, Manhattan ou l’Aiguille du Trident – ma seule PEUR panique un matin de roche rouge et de glace il y a juste vingt ans avec mon ami R. fracassé vingt jour après au Mont Dolent -, et voici :
Que je repars ce matin avant l’aube, par grand beau se levant, avec Peur de François Bon et de ses musiciens au walkman, prêt à gravir ce couloir d’effroi, un pas sur l’autre, entre les hauts piliers comme de gratte-ciels – On avait traversé des villes sans personne -, et la neige glacée crisse comme les instruments de Peur, mais les crampons s’accrochent comme les tampons aux parois de verre des villes de fer et de béton :
On progresse, le couloir est à la fois paroi trouée de fenêtres comme les buildings hallucinés de Buzzati, et cela :
Quand on ferme les yeux pour souffler, les verticales basculent et voici les ravines bleutées devenues allées de cimetière – Tu marchais dans la maison des Morts -, tout devient Labyrinthe aux yeux fermés un instant, tes morts te pèsent et te soupèsent puis tu entends une voix pure, peut-être le jeune poète de Rilke – Nous manquons d’invocations sorcières –, enfin tes yeux clairs se rouvrent et retrouvent les horizons de plus en plus larges à mesure que tu montes vers le ciel grand ouvert, la PEUR aiguise les marches mais de la surmonter te sort de l’impasse et de là-haut tu vois mieux ce qui te manque et qui te manque, à qui tu manques – Et comment on est venu on sait pas, et où tu vas t’en sais rien ? – mais de moins en moins de PEUR tout en haut du couloir d’angoisse, à monter on surmonte la PEUR, et voici :
L’arête atteinte, l’équilibre entre deux vertiges, étroite rue où danser – Là-bas murs et seringues, voilà pour manger, trajets tracés, tous les bruits du monde -, ici l’ouvert par delà l’obscur et l’indistinct :
Vaincue la PEUR à l’instant, dis-tu, au jour partagé, songeant à eux, mais qui t’attend demain là-bas, l’angoisse et l’effroi tôt l’aube…
Cette divagation de rando suit les séquences lues (François Bon en diseur d’extrême sensibilité) de Peur, sur ses textes (cités ici en italiques) et des compositions de Dominique Pifarély (violon), avec François Corneloup (sax baryton), Eric Groleau (batterie) et Thierry Balasse électro-acoustique).
Image : peinture de Buzzati ainsi légendée : Quando la grande montagna all’improvviso diventa la nostra vita, la nostra città, la nostra vecchia casa, l’antica nostra tomba.
D’abord, cette image. Non pas un bête silo anonyme, mais bien ce volume familier, la route à ses pieds si souvent empruntée, à vélo ou dans la 2CV paternelle, en revenant de la gare. Vide, plein, je n’ai jamais bien su, hors le ballet des camions pendant les moissons.
Point d’ancrage : le silo, témoin silencieux de nombreux allers-retours, conservateur attentif de ce qu’il s’agit de faire surgir, ce dans quoi nous sommes lancés : dire — quelle temporalité, quelles tensions —, jouer — quelles constructions sonores, pour quel monde ?
Préserver tous les échos possibles de la langue, mots et sons confondus.