Brescia – 07/09/09 – Dominique Pifarély/Michele Rabbia – Italie

traversée du corps

corpsblancs

Ernesto était censé ne pas savoir encore lire à ce moment-là de sa vie et pourtant il disait qu’il avait lu quelque chose du livre brûlé. Comme ça, il disait, sans y penser et même sans le savoir qu’il le faisait, et puis qu’ensuite eh bien qu’ensuite, il ne s’était plus rien demandé ni s’il se trompait ni s’il lisait en vérité ou non ni même ce que ça pouvait bien être, lire, comme ça ou autrement. Au début il disait qu’il avait essayé de la façon suivante : il avait donné à tel dessin de mot, tout à fait arbitrairement, un premier sens. Puis au deuxième mot qui avait suivi, il avait donné un autre sens, mais en raison du premier sens supposé au premier mot, et cela jusqu’à ce que la phrase tout entière veuille dire quelque chose de sensé. Ainsi avait-il compris que la lecture c’était une espèce de déroulement continu dans son propre corps d’une histoire par soi inventée.

Marguerite Duras, La pluie d’été

Lire, écouter, regarder, toucher, s’inventer, s’échapper.

Jouer, improviser, écrire.

do the Dean

pb220054Il est entré dans cette chambre d’hôtel avec un grand sourire. Sans tarder, nous avons commencé à répéter, il savait ses parties sur le bout des doigts. Puis, se dirigeant vers la salle de bain, il marqua l’arrêt près du journal qu’on glisse obligeamment sous les portes, dans ces hôtels : USA today, ou dans le genre, avec photo de GW Bush en une. Il se tourna vers nous, disant simplement, les gars, je suis vraiment désolé, je m’excuse pour ce type.
Nous venions, François Corneloup et moi, de faire la connaissance de Dean Magraw, scintillant guitariste de St Paul-Minneapolis, adorable convive, imitateur recherché (de Niro : un régal), conscience politique infaillible.
Peu de temps après, en France, nous avons eu l’occasion de lui rendre cette politesse, bien que pas plus que lui responsables de la montée de la vulgarité, de la morgue et de la brutalité vers le pouvoir.

Dean s’arrête de jouer pendant l’année qui vient, on peut avoir des nouvelles ici. Et l’aider, aussi, illustration discrète et digne de nos discussions sur les politiques de santé.

Dean’s website

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traversée des mots

OLYMPUS DIGITAL CAMERAEn salut à François Bon, parti récemment pour le Nouveau Monde, ces extraits de Peur (quel chemin de ce texte vers la Nouvelle France ?), à Poitiers (Carré Bleu) le 26 novembre 2008.

Plus sur le projet, ainsi que le CD toujours disponible.

images et sons, retours slamés

Les buveurs d’Holbein remplissent leurs coupes avec une sorte de fureur pour écarter l’idée de la Mort, qui, invisible pour eux, leur sert d’échanson. Les mauvais riches d’aujourd’hui demandent des fortifications et des canons pour écarter l’idée d’une jacquerie, que l’art leur montre travaillant dans l’ombre, en détail, en attendant le moment de fondre sur l’état social. L’Eglise du Moyen Âge répondait aux terreurs des puissants de la terre par la vente des indulgences. Le gouvernement d’aujourd’hui calme l’inquiétude des riches en leur faisant payer beaucoup de gendarmes et de geôliers, de bayonnettes et de prisons.

George Sand, La mare au diable.

Tout à coup, dans un détour de travail, cette lecture, et l’idée de slamer George Sand, puis des retours mémoire sur les expériences de lecture de l’année passée. Retrouver cette résonnance, et en attendant les prochaines fois, quelques vidéos en ligne (nouveauté de l’été…).

Dominique Pifarély Trio, avec Pierre Baux et D’ de Kabal, 11/2/09, Jouy le Moutier. Extraits…

Dole, solo (sons, échos)

solo_dole

Drôle de clivage, penser au concert et penser sur le concert simultanément, bizarrerie de la concentration : à un moment, il m’est venu que quand même, quel culot il faut, ces gens sont là pendant 1h15, à écouter ce type raconter seul ses histoires, à deux encore, on se raconte mutuellement des trucs, mais là, mes constructions, ils s’y promènent, tu crois ? Mais c’est sans doute là qu’on peut indiquer le plus intimement, le plus exactement, où on tente d’aller. Une intention dans chaque son, pourquoi insister sur celui-ci, développer cet autre, passer vite sur celui-là et, au-delà des mémoires de formes qui ressurgissent, c’est peut-être un temps, une possibilité de regard poétique sur le monde qui se fait jour chez l’auditeur, plus actif que jamais.

Essentiel est le rapport à l’instrument. C’est ce rapport seul qui est en mesure de conduire le discours, d’extraire de soi ces “mémoires accumulées”, de faire surgir, de temps en temps, le non-encore advenu, ce lien qui seul met la pensée en marche, pointe l’émotion qui vient. Le rapport au pinceau, au stylo, au clavier à présent, est-il différent — hors l’impossibilité de retoucher l’improvisation ? Mettre à jour ce qui reste souvent secret d’un travail technique humble et rigoureux, de quelque manière qu’on le mène : un peu l’atelier du musicien.

Merci à Jazz et musique improvisée en Franche-Comté, et Philippe Romanoni : pas si courant, la possibilité d’un concert solo…

instants suspendus

démission des pouvoirs, suite

marche_croixdechavaux
Montreuil, marché de la Croix de Chavaux
A Montreuil, les Instants Chavirés suspendent leur programmation

Avoir grandi à Montreuil (Seine-St-Denis), c’était, dit en vrac, avoir eu accès très tôt à un conservatoire exemplaire (avec atelier de musique contemporaine, improvisation, présence du jazz, tout ça début des années 70…), une bibliothèque précieuse, le voisinage de théâtres formidables (TGP, La Commune…), des concerts, des MJC et autres centres culturels de quartier avec découverte du rock, du free jazz, de la musique “trad” renaissante, mais aussi une agitation politique fertile, la proximité du campus de Vincennes, et une présence ouvrière encore forte, donc un lien solide entre tout ça : une cohérence à construire pour chacun entre des pratiques artistiques et des pratiques sociales et politiques, avec l’idée d’émancipation qui ne nous quittait pas.
Plus tard, toujours à Montreuil, des expériences sont nées, enracinées à divers titres dans cet héritage de la banlieue rouge. Les cinéastes n’y servaient pas encore, il est vrai, de cibles d’entraînement aux tirs de flash-ball. On a accompagné, en particulier, l’aventure née de l’association Désirs jazz (le mot “désir” lui aussi avec tout son héritage symbolique), qui conduisit aux Instants Chavirés. Comment dire en quelques mots l’importance de ce lieu pour quelques générations de musiciens et de spectateurs depuis les années 80 ? Simplement leur demander, à tous, où ils auraient pu travailler, donner à entendre, avancer, enregistrer, découvrir tout ce monde des musiques improvisées qui aujourd’hui, doit louer des salles pour se faire entendre. Mais c’est sans doute ça, précisément, qui est en cours : la précipitation vers le marché des pratiques non-majoritaires, non-consensuelles.

Entendu ce matin sur France-inter que le mécénat privé risquait de devenir une variable d’ajustement économique. Ah bon ! Et quid du soutien public ? Absence de volonté politique, ou volonté de contraindre à l’absence ? On lit ici et là des commentaires prudents sur l’inconscience des pouvoirs publics, leur ignorance, leur faiblesse d’analyse ou de conscience de la réalité telle qu’elle se vit dans de tels lieux, de telles expériences. Comment ne pas voir que l’absence de culture, de vécu poétique, de désir d’art, de volonté d’élévation est désormais le socle commun de la classe politique dans son ensemble ? Comment ne pas voir que le seul souci de la “gauche” en quête ou en position de pouvoir est de gérer ce qu’on aurait appelé, il n’y a pas si longtemps, la société bourgeoise, dont l’industrie de la culture constitue aujourd’hui un des liens les plus sûrs ?

L’absence de vergogne, trait caractéristique de la société française aujourd’hui, n’est plus l’apanage de la droite. C’est peut-être sa plus belle victoire.

*

Voici le communiqué des Instants Chavirés, avec pétition en ligne :

Les Instants en suspens

Le jeudi 2 juillet 2009 nous apprenions brutalement que le solde de la subvention de fonctionnement du Conseil général de Seine-Saint-Denis allouée à notre association était amputé de 25.000 €, soit une baisse de plus de 19 %. À celle-ci se cumule la baisse de la subvention municipale de 7.000 €. En début d’année, la ville de Montreuil nous avait annoncé une diminution de 15.000 €, ramenée fin juin à une hauteur de 7.000 €.
C’est donc 32.000 € qui nous ont été retirés pour 2009.

Ces baisses de financement nous contraignent à annuler dans son intégralité la saison d’automne : concerts, projections vidéo et exposition. Le maintien même a minima d’une programmation nous entraînerait dans un déficit budgétaire que nous ne pouvons pas nous permettre.

Nous nous interrogeons sur le choix et les modalités de la décision du Conseil général et ignorons à ce jour sur quels diagnostics et analyses elle se base. Nous déplorons également l’excessif retard de cette décision.

Les façons de faire du Conseil général laissent à penser qu’il opte de façon délibérée pour une politique de fragilisation de l’association avec pour conséquence une asphyxie progressive mettant en danger l’avenir des Instants Chavirés. Comment envisager une programmation en 2010 dans ces conditions ?

Il faut mettre l’art là où il est indispensable, c’est-à-dire partout (Claude Lévêque, plasticien).

Nous affirmons qu’un lieu culturel intermédiaire comme les Instants Chavirés est un outil de complémentarité aux institutions : il contribue à la diversité de la proposition culturelle et joue un rôle fondamental dans l’accompagnement de l’émergence artistique depuis 18 ans. Y a-t-il encore une volonté politique de pérenniser dans le département de Seine-Saint-Denis et sur la ville de Montreuil, un lieu de diffusion et de production de renommée internationale axé sur la création contemporaine, aussi modeste soit-il ?

Nous demandons la mise en place d’une table ronde avec l’ensemble de nos interlocuteurs institutionnels pour assainir une relation partenariale déliquescente. Il est primordial de redéfinir ensemble les cadres financiers, au regard de la singularité de notre engagement artistique et de notre spécificité géographique et structurelle.

Nous vous invitons à signer la pétition en ligne, et à nous envoyer un courrier à l’attention de M. le Président du Conseil général de Seine-Saint-Denis, Claude Bartolone et/ou de Mme la Maire de Montreuil, Dominique Voynet, afin de leur signifier ce que représentent les Instants Chavirés dans le paysage culturel français et international, et exprimer votre attachement à la pérennité de ce projet.

Vous pouvez nous les adresser par email à l’adresse : soutiens@instantschavires.com, ou par courrier aux Instants Chavirés, 7 Rue Richard Lenoir 93100 Montreuil, nous ferons suivre aux intéressés.

Merci de diffuser ce communiqué le plus largement possible autour de vous

Association Muzziques – les Instants Chavirés

Poitiers improvise

img_057310 ans que je me rends à Mignaloux, banlieue de Poitiers, dans une sorte de baraquement au milieu des bois, pas loin de la route de Limoges. Le Centre de Formation des Musiciens-Intervenants est pourtant sous la double tutelle ministérielle de la Culture et de l’Education Nationale, rattaché à l’UFR de sciences humaines et arts de l’université… Alors si j’y vais avec toujours autant de détermination, c’est que j’y trouve ce qui devient rare : l’espace pour parler de ce qu’est la musique, à distance des injonctions de la mode et de la marchandise, et même la possibilité de s’inscrire en contre, de lutter.

Car ce qui sera en jeu, c’est la transmission aux plus (ou moins) jeunes de ce qu’est le geste musical, pas le tout-fait, le déjà mâché, qui conduit directement à l’abreuvoir (radio, télé, Carrefour et autre Fnac), mais le geste qu’on ressent et qu’on conduit, le son qu’on pense et qui nous fait penser, pas celui qui nous pense. Façon à moi de réagir contre ce qui nous assiège (à lire absolument, si l’on veut comprendre un peu mieux les enjeux des sourdes batailles présentes, Hadopi, , distribution, diffusion, quotas et tutti quanti).

Et puis, marre de ces pratiques pédagogiques qui, bien en phase avec l’époque, visent à l’efficacité. Quelle efficacité ? Plaire aux parents en faisant chanter (mal) les plus belles inepties issues de l’industrie ? Satisfaire l’éducation nationale en confondant paysages sonores et musique ? Continuer à faire l’impasse sur le geste, humain, ressenti et pensé, qui fait de la musique mais qui s’élabore, donc qui se travaille ? Puis, plus tard, donner des recettes pour jouer telle ou telle musique (donc entériner l’étiquetage, la mise en cases), comme on cherche à sur-spécialiser les enseignements à l’université ?

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photo Louis Sclavis

Alors à Poitiers, tout comme des ateliers d’écriture (tiens, l’autre jour, croisé François Bon à la cafèt’ de la fac de lettre, lui aussi en franc-tireur des pratiques littéraires), des ateliers d’improvisation la 1ère année, puis forte insistance sur l’invention/écriture l’année suivante. Depuis 10 ans, donc, les étudiants font un concert d’improvisation, un vrai, on insiste, ils ne sont plus étudiants, mais musiciens à part entière ce jour-là, et de Bernard Prouteau (fondateur de Jazz à Poitiers/Carré Bleu) vint l’idée d’une 2ème partie assurée par mes soins (programme à renouveler chaque année…).

Le 12 juin, gros programme depuis le début de l’après-midi, à Cap Sud. D’abord, un travail des CM1 et CM2 de l’école Marcel Pagnol sous la direction de Julie Goudot, musicienne-intervenante, puis les classes d’impro du conservatoire préparées par Christiane Bopp et Thomas Dubos (avec Eric Groleau et Julien Padovani en invités), enfin le concert du soir.

Avant 1ère partie : 6 mn d’impro libre par des écoliers, puis le concert des étudiants de 1ère année. Selon Nicolas Brasart, un ancien : “assurance, niveau technique, affirmation des idées, écoute, un agencement des combinaisons d’instrumentistes que j’ai écouté comme un conte…”. Cette fois, j’ai invité Louis Sclavis à me rejoindre pour la 2ème partie (extraits bientôt en ligne ici même…). Bon, moi, je trouve que mes étudiants ont vachement bien joué, mais si je m’autorise à écrire ça, c’est qu’ils m’ont étonné, bien que je les aie écoutés pendant tant de jours. Mais c’est ça, peut-être, l’anti-efficacité en musique : un discours toujours à reprendre.

 

 

 

Merci à Etienne Le Moal (Cap Sud), Matthieu Périnaud, Greg Pyvka et Mathilde Coupeau (Jazz à Poitiers), Alexandre Benoist (C.F.M.I.), Eric Valdenaire (CRR) et Virginie Crouail (Archipels-Cie Dominique Pifarély).

intimes turbines

9 juin 2009, lecture Hendrix avec François Bon.

turbineAller-retour Grenoble dans la journée pour lecture à la pause déjeuner, chez Alstom. S’interroger sur le sens de dire, là, un texte en chantier sur Hendrix, jouer un chantier où se croisent violons (acoustique et électrique) et mandoline (électrique aussi), en pleine expérimentation, quand les gens vont retourner à leurs turbines pour barrages, façonnages titanesques de bijoux de métal ? Même pas. Silence actif, attention ininterrompue, regards serrés dans cette petite pièce où le CE propose lectures, concerts, conférences… — Alstom, des milliers de m² d’ateliers vides, cause délocalisation…

Lu dans le train un mémoire sur le prix des œuvres, et l’expérience de ce midi est comme une petite exception dans le paysage qui s’esquisse : un public curieux, qui n’exige pas un retour sur investissement. Parce qu’on vient le voir sur son lieu de travail ? Donc possibilité de lui proposer sans précaution (l’artiste propose, le public dispose — Victor Hugo : “l’auteur donne, la société accepte”) un texte, un sujet, une musique, qui tous trois lui tombent dessus sans crier gare. Un mode de partage encore viable, ou trop romantique ?

En tous cas, ce texte sur la valeur des œuvres fait réfléchir, au moment où tous nous nous interrogeons sur le bousculement qu’induit le virage internet, et comment investir l’outil, fondre de nouvelles armes. On en reparlera sûrement (“La généralisation d’un prix uniforme des œuvres”, Camille Dorignon, master 2 Droit de la propriété littéraire, artistique et industrielle).

Reste ce plaisir d’agir en même temps sur ces deux fronts : le paysage internet, et l’intimité partagée de cette petite salle.

dispersion

echancrureOn pouvait choisir sa destination. La durée, c’était un an, deux ans, pas plus de trois. Ou seulement un mois. Certains partaient vers un climat radieux, d’autres choisissaient une météo plus rigoureuse, comme la concentration qu’ils y cherchaient. Ou alors ce qui importait, c’était les rencontres espérées, ou au contraire l’isolement, l’incognito requis. Grandes métropoles, îles perdues, repaires de montagne, fermes isolées, villes moyennes, villages, faubourgs ; cabanes de pêcheur, abbayes cisterciennes, villas retirées, chambres de bonne, hôtels de bord de mer, appartements de banlieue, bungalows. Une chambre d’hôte dans une ferme de Petäjävesi, en Finlande centrale ; un appartement à Copenhague ; une chambre d’hôtel troglodyte à Matera, Basilicate, Italie ; un studio (avec terrasse) à Rabat ; à Berlin, une pièce d’un appartement collectif ; une surface dans les anciens docks de Red Hook (Brooklyn), clapotis au ras des portes ; une place dans un silo désaffecté, modestement retapé, quelque part au sud de Madrid ; une chambre en demi sous-sol à Vancouver ou un logement universitaire à Québec.

Tous, bien sûr, ne partaient pas. Assez nombreux, de fait, ceux qui préféraient rester, d’ailleurs, il n’y avait pas de censure à proprement parler, non, alors tout avait encore l’apparence du possible.

Comment parler de la privation de sens, en musique ? Comment dire cette impression que les sons ne parviennent plus à destination, qu’ils sont arrêtés, ou trahis, mais par quels filtres, quels subterfuges ? Ou plutôt, comment rendre compte de l’impossibilité croissante à donner du sens à quelque chose qui n’indique qu’une direction ?

Il s’agissait de ne pas devenir comme eux, qui souriaient froidement. Alors, ces voyages (retraites, villégiatures, exils, explorations, …), c’étaient évidemment des chances. Des possibilités entrouvertes de reprendre pied, travailler. De revenir, dans la plupart des cas.
Car ça ne durait pas, bien sûr. Mais ce temps, ces espaces, on en avait besoin, c’était là que tout se jouait, que tout pouvait enfin se jouer.

joue