hirondelles

Semaine du 9 au 15 mars 2009 :

Après la révolution

S’égarer dans le voisinage, emporter deux trois idées, traverser quelques histoires, en aimer quelques-unes, et quitter toutes les autres, jusqu’à occuper seul le terrain de l’angoisse. Le terrain de sa propre langue où tout est à faire.

Comme souvent, le travail des derniers mois (voire des dernières années) va se précipiter, pour 2 projets, en une petite semaine, accéleration heureuse et agitée d’un tempo qu’on ne maîtrise pas : c’est aujourd’hui, mais qui saurait dire pour demain ?

Bon, d’accord. C’est cette semaine. Reprise donc de “Après la révolution”, créé en novembre dernier à l’Apostrophe de Cergy-Pontoise. Toujours, sur ce chemin texte/musique, tenter de faire entendre des résonnances d’aujourd’hui, résolument. On avait imaginé ce “Peur” avec François Bon, dans l’intimité d’un questionnement du monde tel qu’il semblait s’avancer. On tentait de nouer des fils, autrement, dans l’écriture, l’improvisation, la machinerie électronique de Thierry Balasse.

“On aurait dû plus se méfier : on aurait dû trouver. On s’en serait chargé sur le dos, on aurait emporté ça avec nous pour maintenant. On aurait trouvé la bonne ouverture pour maintenant. Mais on en porte tant, déjà : ils sont voûtés, ceux d’aujourd’hui, ils sont usés, ils ont peur. On n’a pas l’esprit tranquille, à chercher comme on fait : trop d’explosions, trop de fric, trop de ces visages lisses aux télévisions. On pourrait s’en débarrasser comment ? L’histoire commence là : une image devant toi et tu la laves des mains, tu veux la rendre plus nette et précise, tu veux comprendre ce qui se passe, tu veux agrandir les détails et savoir l’autre côté du cadre, le présent qu’on t’a fait tu voudrais déchirer l’image ­ un tissu de papier et on marcherait de l’autre côté, ça y est : on voit quoi alors, dis ce que tu vois ?” (François Bon)

Comme un signe inter-textuel, dont je prends la responsabilité, m’appropriant les mots de 2 auteurs, comme on cite ceux, philosophes, militants, passeurs, rêveurs, travailleurs, travailleurs-rêveurs, chercheurs, soignants, maîtres d’écoles, facteurs, qui nous accompagnent, proches ou lointains, nous continuerons ce travail de tissage :

“C’est là-dedans, dans le milieu de la parole non-parlée et des gestes larvés et des violences télévisuelles et du patronat et de la bêtise comme culture nationale, que je vis. Dans ce trou-là, cette fosse sceptique de tout ce que les humains peuvent faire pour se débarrasser de la pensée. Et notre seul concept sera de tenter malgré tout d’y prendre l’air. Prendre tout. Dire tout et même son contraire. S’égarer dans le voisinage, emporter deux trois idées, traverser quelques histoires, en aimer quelques-unes, et quitter toutes les autres, jusqu’à occuper seul le terrain de l’angoisse. Le terrain de sa propre langue où tout est à faire.” (Charles Pennequin)

Ces dernières phrases valent aussi pour nos trajets musicaux : chacun des membres de ce projet pourra s’y reconnaitre, et en faire entendre quelque chose.

“Après la révolution”, sur des textes de Charles Pennequin, musique de Dominique Pifarély, avec Pierre Baux, François Corneloup, Julien Padovani, Olivier Lété, Eric Groleau. Théâtre de St-Quentin-en -Yvelines, mardi 10 mars, 20h30.

l’ensemble Dédales

Nommer chaque chose à part / est le commencement de tout / mais dire ce qui surgit d’entre elles / toujours neuf / et imprévu / C’est / chaque fois / re-commencer le monde (François Cheng)

C’est ce qu’on voulait essayer, avec cette formation de 9 musiciens : un (petit) monde, et voir ce qui peut surgir d’entre les habitants de ce monde, de couleurs, de discours, de jeu. De jeu (d’espace) entre l’écriture et ce qu’on en fait, à la fois de précision de l’intention et de traduction faite de singularités.

Né à Poitiers en 2004, Dédales n’a eu que peu d’occasions de refaire le monde. Alors ces 3 concerts à venir, on s’en réjouit, vous pensez. On va même enregistrer en public.

L’ensemble Dédales : Dominique Pifarély (comp., violon), Guillaume Roy (alto), Hélène Labarrière (contrebasse), Pascal Gachet (trompette), Christiane Bopp (trombone), Vincent Boisseau (clarinettes), François Corneloup (sax. baryton), Julien Padovani (piano), Eric Groleau (batterie). Le  vendredi 13 mars (20h30) à l’Apostrophe de Cergy-Pontoise,  et les samedi 14 (20h00) et dimanche 15 (17h00) à l’Atelier du Plateau.

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